Libertaire et/ou anarchiste !?
Il n’est pas question ici de querelles sémantiques petites, de distinctions de clocher mesquines, ou quoi. L’on observe l’apparition d’un épithète nouveau, d’un usage pluriel, d’une historicité qui varie et en détermine les us singuliers depuis son apparition puis au long de ses pérégrinations. Il est communément admis, que Joseph Déjacque (1822-1864) on fit usage le premier, lors de la parution de : « De l’Être Humain mâle et femelle », consécutif d’un échange épistolaire avec Pierre-Joseph Proudhon. J. Déjacque enragé contre le conservatisme proudhonien et sa misogynie en fit cas dans ses billets véhéments. Le terme devint également le titre d’une publication ; « Le Libertaire, journal du mouvement social », terme qui ensuite pris son envol propre et caractérisa de nombreuses théories et pratiques précédemment qualifiées d’anarchistes, ou pas.
Il est également probable que l’usage du mot Libertaire surgit conséquemment des Lois Scélérates, votées les 11 et 15 décembre 1893 et le 28 juillet 1894. Ces lois sites anti-anarchistes, proscrivent la propagande politique. Les usages lexicaux du terme Libertaire permettait d’en contourner les griefs sans pour autant ne cesser de parler d’Anarchie !
Les deux assertions se côtoient dès lors sans que l’on identifie d’essentielles ou de concrètes distinctions jusqu’à l’étude de Ronald Creagh pour qui : LibertaireS désigne l’ éprisE de liberté mais également d’un désintéressement, d’une distanciation de l’ennemi, quasi d’un aveuglement et Anarchiste l’option activiste de la répulsion in corpore ed in fine de l’État. Implicitement tous les anarEs sont libertaires, mais à contrario point inversement les libertaires. Comme si les libertaires pouvaient s’accommoder par résignation et/ou par détournement ou encore par opportunisme de la forme étatique !
Pour ce qui nous concerne céans, l’on ne veut entendre que deux tournures pour un même sens commun. La superposition prenant du sens dès lors qu’un des deux éloigne au point Godwin, qu’il devienne impossible d’en discuter le réel. Certains mots ont été instrumentalisés, Les substantifs « Anarchisme, Anarchie » en sont des cas d’école. S’en ré-approprier le contenu participe de contre-informer et à fortiori de gravir encore un palier dans l’aventure quotidienne de l’émancipation de, par et pour sois, de l’émancipation de, par et pour touTEs. Eusse-t-il fallut en passer par la transition lexicale : « Libertaire »
La/le Libertaire, épris de liberté individuelle et l’Anarchiste, infatué de socialisme, sont aux marges respectives d’un même épicentre. Indissolublement et irrémédiablement reliés. C’est cette jonction explosive qui en fait, du libertaire et de l’anarchiste, la somme exponentielle des farouches combats pour les libertés; pour la Liberté. C’est dit, à tous le moins pour le temps sans contradicteurEs : LibertaireS et AnarchisteS : Mêmes Combats !
Quelques ressources pour en dire plus et/ou en dire d’ autres:
-Wikipedia: libertaires
-Le Monde Libertaire: libertaire ou anarchiste
-J. Déjacque: la création du néologisme « libertaire » 1857
-Le Drapeau Noir: Libertaire, un néologisme