Février 1916. Zürich. Cabaret Voltaire. Six mois durant, l’errance l’a disputé au pinacle. Six moi durant les canailles du Cabaret Pantagruel, artistes oisifs, désœuvrés indolents; de février à juillet ont écumé. Avant qu’on ne les muselle sous les griefs de « Tapage nocturne et Tapage moral ».
Le Cabaret Voltaire était né. Ou plutôt mort-né. Car l’on sait la contamination immédiate que le calcul procure. Dès lors que l’on engonce l’esprit mutin, frêle papillon de nos esprit. Neutralisé par la perspective et par la sédentarité. Apaisé par la continence qu’un refuge convoque.
Les aspérités, la dissymétrie et l’imperfection. Sont-ce là les mamelles nourricières de la révolte. La sédition perpétuelle ainsi ne peut ni se contenir, ni se projeter. Elle s’éveille sans compter et tout à fait indépendamment des conditions extérieures qui la justifient.
Elle se nourrit de la colère, de la rage qui du milieu de nos pairs; bousculéEs souvent, terraséEs parfois, l’on chemine de biais, l’on chevauche de face. Et jamais nos élans ne seront ni apaisés ni contenus. L’on débordera quiconque, geôlier d’un système; cerbère ou séide, cacique ou édile fera rempart du vieux monde qui nous assiège.
L’on ne défendra aucune posture. Incapable d’être statique ou de camper sur des positions. L’on est comme les mauvaises graines des mauvaises herbes. Tenaces, longèves et fertiles. JetéEs aux vents, malmenéES et disséminéEs, point de souches, de dernier carré ou de jardin suspendu que l’on ne fleurira. Enraciné de nos corps, volatiles de nos esprits; venimeux pour les méchantEs. BienveillantEs pour les gentils.
Nous serons DADA.